Article dans le journal Le Courrier du lundi 6 janvier 2014 par de Dominique Hartmann
Religions
Une commission planche dès janvier sur l’application de l’article 3, qui précise que les autorités entretiennent des relations avec les communautés religieuses.
A Genève, la laïcité est l’un des piliers de la République. Soucieux de promouvoir une cohabitation paisible entre les différentes religions, le Conseil d’Etat a confié l’été dernier au Département de la sécurité et de l’économie (DSE) dirigé par Pierre Maudet le soin d’étudier l’application des «relations entretenues par les autorités avec les communautés religieuses», point figurant dans la nouvelle Constitution, qui renforce le principe de la laïcité de l’Etat. Une nouvelle commission présidée par le journaliste Jean-Noël Cuénod, grand connaisseur du fait religieux, s’y attellera dès janvier. Un premier rapport est attendu pour septembre.
«La commission abordera par exemple la question de l’impôt ecclésiastique, précise Emmanuelle Lo Verso, au DSE, ou encore celle des aumôneries de prison ou la prestation de serment du Conseil d’Etat sur la Bible.» En revanche, elle ne touchera ni au domaine scolaire ni à celui des cimetières.
Avant de pouvoir clarifier la nature des relations que l’Etat entretient avec les communautés, «il s’agira tout d’abord de clarifier ce qu’est une communauté religieuse», explique Jean-Noël Cuénod. Comme il le rappelle, «aucun culte n’est reconnu à Genève. En revanche, l’Etat offre des prestations.» Pour Zidane Mériboute, membre de la commission s’exprimant à titre personnel, «le respect des droits fondamentaux établis par notre Constitution me semble essentiel pour être reconnu comme une communauté. De même qu’une certaine représentativité.»
L’aile libérale
La commission est constituée de deux personnes en charge d’une communauté religieuse, le rabbin François Garai, de la communauté juive libérale de Genève, et Philippe Matthey, curé du Grand-Lancy. Marie-Jeanne Bachten-Nerfin, très engagée dans la réflexion sur la laïcité à l’école, fera également partie du comité, ainsi que trois professeurs, Philippe Borgeaud, professeur honoraire à l’UNIGE et spécialiste en histoire des religions, Michel Grandjean, spécialiste de la laïcité dans le contexte du christianisme enseignant l’histoire du christianisme à l’UNIGE, et Zidane Mériboute, chercheur genevois à la School of Oriental and African Studies de l’université de Londres. Des représentants des départements de l’administration cantonale concernés par les questions abordées s’y joindront.
La commission regroupe donc quatre courants de pensée – catholique, protestante, juive et musulmane –, dans leur variante plutôt libérale. Certaines communautés pourraient néanmoins ne pas se reconnaître dans la couleur affichée. «Il ne s’agissait pas de faire un conseil des religions, précise Jean-Noël Cuénod. Les intervenants ont été choisis sur la base de leurs compétences; ils ne représentent pas leur communauté.» «Je m’exprime uniquement à titre personnel, nous ne nous sommes pas encore réunis, insiste encore une fois Zidane Mériboute, mais en effet, je crois qu’il ne faudra exclure personne, rencontrer et dialoguer avec tous. Ensuite, chaque groupe aura le choix de se conformer ou non à ce que l’Etat considère comme nécessaire pour former une communauté. La liberté de réunion et de conviction lui reste acquise.»
Des pistes d’application
Marie-Jeanne Bachten-Nerfin, de son côté, apprécie que la réflexion ne soit pas confiée uniquement aux milieux ecclésiaux. «Le fait d’être extérieur à une communauté religieuse permet d’être moins appliqué à défendre celle-ci.» Le risque n’est-il pas que, au moment de la mise en œuvre, certains groupes religieux ne se reconnaissent pas dans les recommandations formulées? «La commission est chargée de donner des pistes pour l’application de l’article 3. La traduction politique revient au département», rappelle Jean-Noël Cuénod.
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