Laïcité et religions en milieu scolaire : le cas de l’islam
Mahmoud DOUA, enseigne la laïcité et le fait religieux à l’IRTS et l’ISPRA.
(…)La première est une opinion, une vision idéologique opposée à toute manifestation publique des religions : la religion est du domaine privé, de l’intime. La laïcité qui nous gouverne part du constat que la France est plurielle religieusement et culturellement ; la laïcité implique que l’État neutre est areligieux mais « garantit la liberté de conscience et le libre exercice du culte ». (Article 1 de la loi 1905).
Pratiquement la laïcité est un cadre philosophique et juridique qui permet à une pluralité de croyances de vivre ensemble. Chacun est libre de croire ou de ne pas croire, de pratiquer ou de ne pas pratiquer. L’État est le garant de cette liberté. La seule limite posée à l’expression publique des pratiques religieuses ou autres est de perturber l’ordre public.
L’État est même dans l’obligation d’assurer, de donner la possibilité matérielle de pratiquer le culte dans les endroits dits fermés où les citoyens de différentes confessions ne sont pas libres de le faire : les hôpitaux, les internats, l’armée et les prisons. D’où la présence des aumôneries dans ces établissements publics financés par l’Etat.
En milieu scolaire la question de la laïcité est plus sensible parce que les élèves sont en phase de formation de leur personnalité. En France l’École a une mission : La République a fait l’École, l’École fera la République. La laïcité à l’école se veut une laïcité d’émancipation par la raison. En pratique elle cherche à concilier entre le respect de la personnalité de l’enfant et l’action éducative de la famille. Une chose est claire : l’interdiction de la manifestation de toute appartenance religieuse concerne les enseignants qui sont neutres, mais aussi les programmes d’enseignement mais pas l’élève. (…)
Le jeune du mois du Ramadan
(…)L’État comme on l’a déjà souligné préserve le libre exercice du culte. Chaque élève est libre de jeûner ou de ne pas jeûner. Le problème se pose quand le jeune du mois du Ramadan (calendrier lunaire) tombe pendant le temps scolaire, aux mois de mai ou de juin, durant lesquels les journées sont longues et chaudes.
Certains élèves demandent des dispenses de sport. Là aussi l’esprit de la laïcité l’emporte sur l’interdit. En principe l’obligation d’assiduité s’impose mais des aménagements sont possibles au cas par cas. Là aussi le religieux s’adapte, en cas d’épreuve sportive, les élèves peuvent rompre le jeûne si leur santé est en danger ou s’il peut y avoir des incidents sur leur scolarité. En cas d’examen comme le brevet ou le bac c’est à la religion de s’adapter. L’avis religieux préconise à l’élève – individuellement- de continuer à jeûner ou de rompre le jeûne s’il l’estime incapable de faire les épreuves en état de jeûne et de rattraper plus tard.
A l’école primaire, certains enfants à partir de l’âge de 9 et 10 ans jeûnent à la demande de leurs parents comme rite d’initiation, sans être obligatoire. Les enseignants sont tenus de respecter la mission éducative des parents et n’interviennent que s’ils constatent que le jeûne à des incidents sur la santé de l’élève. (…)