L’école, la culture religieuse et le vivre-ensemble : une perspective comparative
Bruno Michon
Cet article s’appuie sur une comparaison de différents types d’enseignement des faits religieux en France et en Allemagne. À partir d’une analyse des curricula français et de ceux du Bade-Wurtemberg, de Berlin et du Brandebourg, il s’agit de mettre en parallèle les stocks de connaissances effectivement acquis par les élèves et ces divers enseignements. L’auteur focalise particulièrement son attention sur la dimension du vivre-ensemble de ces enseignements et sur l’intérêt d’un enseignement du fait religieux réconciliant une approche patrimoniale et une approche anthropologique.
Diversité religieuse et culturelle à l'école
Des recommandations claires, une culture du dialogue, une volonté partagée de valoriser la diversité, mais également, un esprit positif de la part des parents, des enfants et des enseignantes et enseignants concernés, voilà ce qui compose la recette du bien vivre-ensemble qui prévaut dans les écoles du canton de Fribourg. Afin de maintenir cette sérénité et cette bonne compréhension des uns et des autres, la Direction de l’instruction publique, de la culture et du sport (DICS) réédite ses recommandations à l’usage du corps enseignant et des autorités scolaires sur les questions de la diversité religieuse et culturelle à l’école. La mission de l’Etat est d’offrir à tous les enfants domiciliés dans notre canton un enseignement de qualité. Une prise en compte sereine de la diversité contribue également à la promotion de cette qualité.
Jean-Pierre Siggen, Conseiller d’Etat, Directeur, octobre 2017
La religion à l'école - neutralité des enseignants
Comment parler de religion à l’école? Sur les bancs des écoles de Suisse romande, le fait religieux ne manque pas à l’appel. Aujourd’hui, l’enseignement est neutre, factuel et ouvre les élèves à la diversité religieuse, collant ainsi à l’évolution de la société. En France, le débat sur le sujet tourne régulièrement à la polémique, la laïcité étant de plus en plus comprise comme le rejet du religieux hors du champ de l’espace public.
Pourquoi la culture religieuse à l’école?
À lire et à entendre certains détracteurs du programme d’éthique et culture religieuse (ECR), il s’agirait d’un « complot multiculturaliste » ne visant rien de moins que l’anéantissement de l’identité québécoise, ou encore la preuve qu’un « lobbyisme religieux » puissant est actif à l’Assemblée nationale, qui vise, sous le couvert d’une éducation factuelle du phénomène religieux, à « formater le cerveau au moule de la pensée religieuse » (Baril, 2016, p. 90).
Affirmer que l’identité culturelle québécoise est menacée par l’ECR, c’est probablement ne pas avoir lu ce programme. Bien au contraire, le programme offre à tous les élèves québécois de connaître notre patrimoine religieux. Au primaire, il s’agit principalement de découvrir des expressions du religieux dans l’environnement du jeune. Par exemple, qu’il sache que le congé pascal n’est pas que chocolat et lapin, qu’il puisse associer l’église devant chez lui au christianisme ou encore la kippa au judaïsme. D’ailleurs, au secondaire, l’un des thèmes obligatoires est « Le patrimoine religieux québécois ». De plus, le christianisme (catholicisme et protestantisme) est traité avec la même impartialité que les autres traditions, mais davantage de temps lui est accordé pour permettre aux élèves de mieux comprendre la société québécoise. Il est en effet difficile d’apprécier les arts d’ici, de comprendre nos moeurs et coutumes, mais aussi l’histoire, l’actualité et la philosophie sans culture religieuse. Il est pour le moins paradoxal de prôner la culture générale… et de s’opposer à la culture religieuse. (…)
La culture religieuse comme objet d’apprentissage
Le Québec a fait le choix original, il y a dix ans, d’implanter un nouvel enseignement d’éthique et culture religieuse obligatoire pour tous les élèves des écoles primaires et secondaires. Ce programme propose une approche culturelle de l’étude du phénomène religieux en vue de favoriser sa compréhension dans la diversité des formes qu’il peut emprunter. Or, faire des religions un objet d’apprentissage scolaire parmi d’autres ne va pas sans susciter nombre de critiques et de résistances qui témoignent d’un rapport difficile au religieux dans la société québécoise. Le regard porté sur les religions, parfois négatif et simplificateur, tend à en faire des objets nuisibles, du moins désuets, devant être jugés à l’aune de valeurs contemporaines, et ce, au détriment de l’analyse informée de réalités historiques complexes, ainsi que d’une réflexion favorisant la compréhension du monde contemporain et de l’humanité dans l’ensemble de sa riche diversité.
La Culture religieuse à l'école [compte-rendu]
Archive de science sociale des religions pages 122 et 123
Il existerait un sentiment diffus concernant un “inculture religieuse” des élèves d’aujourd’hui, et des demandes diverses visant à combler ces lacunes. Partant de ce constat, des sociologues des religions ont lancé une enquête multiforme pour tenter d’évaluer ce sentiment et les attentes éventuelles qui en résulteraient. Cette enquête a visé les différents “acteurs sociaux” potentiellement intéressés : outre les élèves eux-mêmes, il s’agit des enseignants (à travers leurs syndicats représentatifs), des parents d’élèves(à travers leurs organisations), et des principales églises et religions (catholicisme, protestantisme, orthodoxie, judaïsme, islam et bouddhisme tibétain) à travers un de leur représentant sollicité ou mandaté. Deux méthodes ont été employées : pour les élèves, une équipe de sociologues s’est rendue dans une quarantaine d’établissements secondaires publics et privés, en région parisienne et à Strasbourg ainsi qu’en Ille-et-Vilaine, pour mener des entretiens d’une heure environ au sein de certaines classes (4e, 3e, 1re) en suivant (plus ou moins strictement) un questionnaire établi d’avance(après une pré-enquête).
Pour les autres acteurs sociaux, un questionnaire a été envoyé (dont on aurait aimé avoir le texte en annexe) et les réponses écrites sollicitées (texte en annexes) ont donné lieu à une analyse synthétique, par type d’acteur. L’ouvrage rassemble les résultats de cette enquête ainsi que des exposés sur la situation de l’enseignement religieux (dans le cadre scolaire) dans plusieurs pays européens : Italie, Angleterre, Allemagne et Pologne.
Éthique et cultures religieuses à l'école obligatoire
Les traditions religieuses ont marqué et marquent encore l’organisation des sociétés, leurs cultures, leurs valeurs et leurs idées. L’influence de la religion est visible dans des domaines aussi variés que l’histoire, la géographie, la littérature, la philosophie, les sciences ou les arts. Les religions elles-mêmes ont été influencées par les sociétés dans lesquelles elles se sont développées.
Aujourd’hui, les religions appellent à l’acquisition de connaissances, à la réflexion et à la distance critique, quelles que soient les valeurs et les croyances de chacun. C’est dans cet esprit que la Loi sur l’enseignement obligatoire (LEO) a remplacé l’Histoire biblique par une nouvelle discipline : Éthique et cultures religieuses. Cet enseignement s’adresse à tous les élèves, sans possibilité de dispense. Il est délivré par l’École, tenue au respect des convictions religieuses, morales et politiques des élèves et de leurs parents.
L’École doit rendre accessible aux élèves la connaissance des différentes religions pour favoriser la compréhension et promouvoir la tolérance confessionnelle. L’objectif de cette plaquette est de présenter le cadre et les contenus redéfinis de cet enseignement. Celui-ci est d’une grande importance dans le projet global de formation de nos élèves et pour le vivre-ensemble dans notre société.
Cesla Amarelle Cheffe du département de la formation, de la jeunesse et de la culture