Les 11 et 12 janvier, les étudiants de la Haute école de travail social proposent deux journées de débats et de réflexions autour des enjeux de la laïcité à Genève !
Quelle place donner au religieux à Genève?
Isabel Jan-Hess
Les étudiants de la Haute école de travail social proposent deux journées de débats et de réflexions autour des enjeux de la laïcité. Où se situent les frontières entre le privé et le public pour un travailleur social? Entre la pratique religieuse et la pratique culturelle? Entre les croyances et le prosélytisme? Entre la tolérance et la discrimination? Comment éviter des amalgames alors que les pratiques d’une même religion sont souvent divergentes?
Principe de laïcité «nébuleux»
Autant de questions posées dans un rapport par une quarantaine d’étudiants de la haute école de travail social de Genève. Des jeunes, régulièrement confrontés à l’absence de cadre formel dans la gestion de situations liées au fait religieux dans leur activité professionnelle. Afin d’enrichir le débat et trouver des solutions constructives, ces étudiants organisent deux journées de débats, d’ateliers et rencontres. Objectif: sensibiliser les professionnels et la population à la difficulté d’appliquer un principe de laïcité «nébuleux» sur le terrain social.
«Récemment, une jeune animatrice portant le voile a été priée de le retirer ou de quitter la Maison de quartier pour laquelle elle travaille», rapporte Jennifer Alder, porte-parole de ce groupe d’étudiants, misant prioritairement sur la tolérance en matière de pratique religieuse. «En tant qu’employée d’un état laïque, travaillant dans un cadre public, elle ne doit arborer aucun signe religieux. Mais les travailleurs sociaux interviennent aussi dans la sphère privée.» Les Genevois se prononceront bientôt sur un projet de loi sur la laïcité et un contre projet. «Ces deux textes ne tiennent pas assez compte à notre sens de la réalité quotidienne des travailleurs sociaux, regrette Odile Mottaz. Pour étayer notre travail et organiser les rencontres de la semaine prochaine, nous avons interrogé des dizaines de collaborateurs de terrain. Leurs retours sont intéressants, mais inquiétants.»
Distinction difficile entre religieux et culturel
Selon le rapport des étudiants, la difficulté à distinguer le fait religieux du fait culturel pose un problème. Et le principe de laïcité n’est pas clairement défini. «N’y aura-t-il plus de sapin de Noël dans les foyers? s’interroge Khaled Adly. Une maison de quartier ne pourra-t-elle plus organiser de fête de Hanoucca dans son jardin?»
Les questions des codes vestimentaires, des régimes alimentaires, d’exigences sanitaires ou sociales en lien avec la religion du bénéficiaire seront au programme de ces deux journées où l’on abordera aussi le principe de subventionnement d’institutions sociales ou d’utilité publique, mais privatisées, affichant clairement une appartenance religieuse.
La manifestation se terminera par un débat public, mardi 12 à 19h30 dans les locaux de la HETS, en présence de plusieurs représentants religieux, politiques et sociaux. André Castella, ancien directeur du service de l’intégration de Genève et rédacteur du projet de loi sur la laïcité de l’Etat proposé par le Conseil d’Etat sera notamment opposé aux initiants du contre-projet sur la laïcité.
Cité Laïque! Laïcité, 11 et 12 janvier de 13h à17 h / 13h à 21h HETS 16, rue Pré Jérôme mail: laicite.comm@gmail.com