(…) L’adoption de la laïcité au Québec est l’aboutissement d’un long débat, qui a mis au jour l’âpreté des clivages dans la Belle province. Cette loi est une promesse de campagne de François Legault, le Premier ministre québécois membre de la Coalition avenir Québec (CAQ, centre-droit en faveur de l’autonomie du Québec). Elle est soutenue, d’après les divers sondages, par une très large majorité de la population de la province. Mais les opposants à la laïcité formaient une coalition hétéroclite et très déterminée, composée de militants de la gauche radicale convertis au multiculturalisme, d’intégristes religieux, et surtout, en ce qui concerne l’Assemblée nationale, de membres du Parti libéral du Québec (PLQ), défenseurs du multiculturalisme prôné par Justin Trudeau. La confrontation était d’autant plus passionnée qu’elle mettait également en avant l’enjeu de la place du Québec, province à l’identité forte influencée par la France, dans un Canada anglo-saxon dont Justin Trudeau a clamé qu’il était “le premier Etat postnational”, un pays “sans identité profonde, sans tradition majoritaire”. Dans cette optique, l’adoption de la laïcité est vécue par beaucoup comme une réaffirmation de la spécificité québécoise. (…)